Plus belle la commande publique - saison 2, épisode 11 - Mairie de Pichade-sur-Mer, direction des ressources humaines, bureau de la responsable des recrutements. « Bonjour Monsieur Podevin, merci d'avoir répondu à notre offre d'emploi pour le poste de directeur des achats. Votre CV et votre parcours très intéressants ont évidemment retenu toute notre attention et vous avez été sélectionné. Mais notre directeur général a besoin d'être rassuré. Je vais donc vous poser quelques questions, afin de tester vos connaissances professionnelles. Voici la première, combien d'articles comporte le projet de décret que vient de dévoiler la DAJ de Bercy ? » « Sans les mesures ultramarines et les diverses dispositions, il y en a 158  », précise, sans sourciller, le responsable de la commande publique de l'hôpital de Clamesset. « C'est exact. Quelle est, à votre avis, la principale nouveauté contenue dans le texte soumis à concertation ? », poursuit la chasseuse de têtes aux formes généreuses valorisées par une robe à vertugadin, destinée à perturber juste ce qu'il faut la concentration des candidats. « Il y en a plusieurs, mais je dirais la généralisation des avis d'attributions à partir de 25 000 euros. Jusqu'ici, c'était réservé aux marchés formalisés. Et puis la possibilité de choisir le coût en cas de critère unique et pas seulement le prix (lire notre article) », énumère Raoul Podevin, impeccable avec son costume du dimanche, repassé pour l'occasion. « Je vous remercie. Quelle durée prendre en compte pour évaluer l'indemnisation d'un candidat irrégulièrement évincé, lorsqu'un marché prévoit des reconductions ? », questionne la recruteuse, émoustillée à l'idée de coller son interlocuteur. « Seulement l'année d'exécution, dixit la CAA de Versailles (lire notre article) », répond du tac au tac le Raoul dans une forme olympique grâce à la boisson énergisante sifflée au petit-déjeuner. « Très bien, répond la représentante de la DRH visiblement impressionnée, et quel est le juge compétent pour rechercher la responsabilité d'un fournisseur dans le cadre d'un marché de travaux ? ». La réponse fuse : « à en croire le Conseil d'Etat, c'est le juge judiciaire (lire notre article). » « Pour finir, pouvez-vous me donner le nom d'un lauréat des Trophées de la commande publique 2015 ? ». « Oui, même plusieurs : la plate-forme achats finances Sud Est du ministère de la Défense, la RATP, la centrale Approlys,  le Pays de Grasse… (lire notre article) » «  Excellent M.Podevin, je pense que nous allons vous proposer le poste. » « Il ne m'intéresse plus. Je viens juste d'avoir un SMS du département de Vésubie Inférieure. On me propose un salaire calqué sur celui du DGST, plus un solex de fonction, le dessert gratuit à la cantine, un sous-main à mes initiales, un fauteuil ergonomique style Art Déco, un lutrin en acajou et un taille-crayon à manivelle en acier… » Eh oui, recruter un acheteur s'apparente parfois à la quête du saint Graal (lire notre article). A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot