
Acheteurs publics : le cœur et les reins biens solides !

«Ce qui compte c'est pas le nombre de coups que tu peux donner, mais c'est le nombre que tu peux encaisser et continuer à avancer»
Rocky
Toute critique est bonne à prendre... "On apprend de ses erreurs", ou encore "Tout ce qui ne me tue pas me renforce".... De tels poncifs sur la résilience, appliqués aux acheteurs publics, on pourrait en lister à l’envie ! Et plus les travaux de la Commission d’enquête sénatoriale sur la commande publique avancent (retrouvez nos synthèses hebdomadaires ci-après), plus on se dit qu’ils vont finir par mal la vivre, cette enquête !
Plein la tête
Résumons, en forçant à peine le trait.
D’abord, on ne sait pas trop de quoi on parle : qui peut réellement mesurer l’achat public, en absence de remontées des données fiables ?
On ne sait pas trop non plus de qui on parle : qui sont les acheteurs publics ? Combien sont-ils ? Peut-on les comparer le secrétaire de mairie et le directeur de la commande publique d’une grosse interco ? Sont-ils bien formés ?
Ajoutons qu’ils sont probablement un peu responsables de la complexité de la commande publique, en restant arc-boutés sur des schémas procéduraux qui les sécurisent.
Et, à propos de sécurité... Est-on certain que l’achat public répond aux exigences croissantes de souveraineté et de sécurité des données ? Pire encore, les économistes considèrent que les objectifs nobles que le gouvernement ne cesse de leur assigner (achat durable, social, sociétal etc…) sont contreproductifs et les obligent à ne pas répondre à ce qui leur était décrit comme leur "ADN" : acheter au mieux disant, dans le respect des principes de la commande publique, pour répondre à un besoin bien défini….
Et ce n’est sans doute pas terminé : lorsque la commission d’enquête reprendra ses travaux, ce sera sans doute alors aux entreprises d’exposer leur "ressenti" sur la commande publique. Un peu comme les avants d’une équipe de rugby : ils vont encore "prendre cher" (oups ! Même là, l’exemple n’est pas hyper encourageant : lire "Coupe du monde de rugby en France : essai loupé pour la commande publique").
Alors, "savoir faire la part des choses", ou "savoir prendre de la hauteur" seraient sans doute des formules plus adaptées. Certains acheteurs publics assurent y parvenir et… se jettent dans la mêlée avec une bonne humeur contagieuse (lire "Une journée avec… Nathalia Stuelsatz : « Se confronter au monde des marchés publics dans une petite collectivité, c'est motivant !»").
D’abord, on ne sait pas trop de quoi on parle : qui peut réellement mesurer l’achat public, en absence de remontées des données fiables ?
On ne sait pas trop non plus de qui on parle : qui sont les acheteurs publics ? Combien sont-ils ? Peut-on les comparer le secrétaire de mairie et le directeur de la commande publique d’une grosse interco ? Sont-ils bien formés ?
Ajoutons qu’ils sont probablement un peu responsables de la complexité de la commande publique, en restant arc-boutés sur des schémas procéduraux qui les sécurisent.
Et, à propos de sécurité... Est-on certain que l’achat public répond aux exigences croissantes de souveraineté et de sécurité des données ? Pire encore, les économistes considèrent que les objectifs nobles que le gouvernement ne cesse de leur assigner (achat durable, social, sociétal etc…) sont contreproductifs et les obligent à ne pas répondre à ce qui leur était décrit comme leur "ADN" : acheter au mieux disant, dans le respect des principes de la commande publique, pour répondre à un besoin bien défini….
Et ce n’est sans doute pas terminé : lorsque la commission d’enquête reprendra ses travaux, ce sera sans doute alors aux entreprises d’exposer leur "ressenti" sur la commande publique. Un peu comme les avants d’une équipe de rugby : ils vont encore "prendre cher" (oups ! Même là, l’exemple n’est pas hyper encourageant : lire "Coupe du monde de rugby en France : essai loupé pour la commande publique").
Alors, "savoir faire la part des choses", ou "savoir prendre de la hauteur" seraient sans doute des formules plus adaptées. Certains acheteurs publics assurent y parvenir et… se jettent dans la mêlée avec une bonne humeur contagieuse (lire "Une journée avec… Nathalia Stuelsatz : « Se confronter au monde des marchés publics dans une petite collectivité, c'est motivant !»").
Des pansements
Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avocats, praticiens et universitaires expriment dans nos colonnes leurs visions de cette simplification de la commande publique décrêtée "nécessaire", leurs diagnostics et leurs recommandations (revoir « achatpublic invite... Grégory Kalflèche : « La complexité de la commande publique ? Une notion fourre-tout ! » et relire "[Tribune] La simplification de la commande publique et le mythe de la caverne").
Il y a tout juste un an, Laurent Delplanque (Direction de la Commande Publique et Logistique Service Achat Ville de Niort) exposait sa colère : « Seul un vrai travail d’Acheteur permet, à ce jour, de trouver l’équilibre délicat entre définition du besoin, clauses et critères pour ne pas dévisser du câble suspendu dans les hauteurs de la complexité juridique et permettre une pleine concurrence, y compris locale (…) Il faut le dire haut et fort à qui veut l’entendre, et surtout à nos élus et Directions : Acheteur, c’est un Métier, pas une fonction » ( relire "[Tribune] Laurent Delplanque "S’il vous plait…donne-moi les moyens de devenir un acheteur public").
Cette semaine, Me Sophie Lapisardi, ajoute sa contribution. Selon l’avocate, chantre du legal design, « les leviers de simplification de la commande publique ne dépendent pas d’une énième réforme du code. Ils sont entre les mains de ceux qui la pratiquent, à condition qu'on leur fasse confiance, qu’on les forme et qu’on leur donne enfin les moyens d’agir ».
Elle partage de nombreux constats qui ressurgissent à l’occasion de la commission d’enquête : « Aucune doctrine nationale consolidée ne permet aux acheteurs de savoir comment prioriser les multiples objectifs politiques qui leur sont assignés ». Tout en prenant fait et cause pour la valorisation de l’acheteur public : « Tant qu’on ne reconnaîtra pas à l'acheteur public un rôle de pilote, il restera enfermé dans une logique défensive, incapable de structurer une commande lisible et cohérente ».
Elle appelle à un changement de regard sur l’acheteur public, à considérer non comme un exécutant, mais comme un acteur central de la performance publique. » Cela implique un changement de posture : accepter que la commande publique ne soit pas l’affaire du seul service achat, mais de toute l’organisation (lire "[Tribune] « Reprendre la main face à l’empilement des injonctions et à l’illisibilité du droit »").
Un changement de regard sur l’acheteur public est certainement nécessaire, car il s’agit désormais de le choyer un tant soit peu, si l’on veut pouvoir continuer à bénéficier de ses services…
Il y a tout juste un an, Laurent Delplanque (Direction de la Commande Publique et Logistique Service Achat Ville de Niort) exposait sa colère : « Seul un vrai travail d’Acheteur permet, à ce jour, de trouver l’équilibre délicat entre définition du besoin, clauses et critères pour ne pas dévisser du câble suspendu dans les hauteurs de la complexité juridique et permettre une pleine concurrence, y compris locale (…) Il faut le dire haut et fort à qui veut l’entendre, et surtout à nos élus et Directions : Acheteur, c’est un Métier, pas une fonction » ( relire "[Tribune] Laurent Delplanque "S’il vous plait…donne-moi les moyens de devenir un acheteur public").
Cette semaine, Me Sophie Lapisardi, ajoute sa contribution. Selon l’avocate, chantre du legal design, « les leviers de simplification de la commande publique ne dépendent pas d’une énième réforme du code. Ils sont entre les mains de ceux qui la pratiquent, à condition qu'on leur fasse confiance, qu’on les forme et qu’on leur donne enfin les moyens d’agir ».
Elle partage de nombreux constats qui ressurgissent à l’occasion de la commission d’enquête : « Aucune doctrine nationale consolidée ne permet aux acheteurs de savoir comment prioriser les multiples objectifs politiques qui leur sont assignés ». Tout en prenant fait et cause pour la valorisation de l’acheteur public : « Tant qu’on ne reconnaîtra pas à l'acheteur public un rôle de pilote, il restera enfermé dans une logique défensive, incapable de structurer une commande lisible et cohérente ».
Elle appelle à un changement de regard sur l’acheteur public, à considérer non comme un exécutant, mais comme un acteur central de la performance publique. » Cela implique un changement de posture : accepter que la commande publique ne soit pas l’affaire du seul service achat, mais de toute l’organisation (lire "[Tribune] « Reprendre la main face à l’empilement des injonctions et à l’illisibilité du droit »").
Un changement de regard sur l’acheteur public est certainement nécessaire, car il s’agit désormais de le choyer un tant soit peu, si l’on veut pouvoir continuer à bénéficier de ses services…
Alerte au recrutement… et à l’attractivité
Car à rendre toujours plus complexe l'achat public toue en en dressant une vision particulièrement critique, le risque est de démonitiser le métier, ou à en décourager les jeunes diplômés. Un indice : chaque mois, depuis avril 2022, achatpublic.info recense les mobilités professionnelles des acheteurs publics, sur la base de leur communication sur les réseaux sociaux (relire "Acheteurs publics en mouvement : mars 2025"). Ce que l’on constate, c’est que ces articles sont de plus en plus conséquents ! Autrement dit, les acheteurs publics sont désormais rares... donc "chassés".
Nous avons voulu en savoir plus. « Lorsqu’il débute, un acheteur est aujourd’hui bien plus “bankable” que quelques années en arrière ». A tel point qu’à n’en pas douter… « ils seront chassées une fois formés. Une fois que vous aurez transformé un jeune diplômé en avion de chasse, un recruteur viendra vous le barboter… » (lire "Acheteurs publics : les trouver c’est compliqué, les garder c’est pire ! »")
Si tant est que l’on trouve la perle rare, l’empêcher de résister aux sirènes du secteur privé, à celles de la fonction publique d’État, ou plus simplement de partir dans une collectivité mieux cotée, risque de devenir extrêmement compliqué.
Des spécialistes à former, capables de résister aux évolutions permanentes, à rémunérer correctement, c’est cet autre défi de l’achat public
• Les synthèses hebdomadaires des auditions de la Commission d‘enquête sur achatpublic.info :
Nous avons voulu en savoir plus. « Lorsqu’il débute, un acheteur est aujourd’hui bien plus “bankable” que quelques années en arrière ». A tel point qu’à n’en pas douter… « ils seront chassées une fois formés. Une fois que vous aurez transformé un jeune diplômé en avion de chasse, un recruteur viendra vous le barboter… » (lire "Acheteurs publics : les trouver c’est compliqué, les garder c’est pire ! »")
Si tant est que l’on trouve la perle rare, l’empêcher de résister aux sirènes du secteur privé, à celles de la fonction publique d’État, ou plus simplement de partir dans une collectivité mieux cotée, risque de devenir extrêmement compliqué.
Des spécialistes à former, capables de résister aux évolutions permanentes, à rémunérer correctement, c’est cet autre défi de l’achat public
• Les synthèses hebdomadaires des auditions de la Commission d‘enquête sur achatpublic.info :
- (5) « On ne plaisante pas avec la souveraineté ! »
- (4) « Mais où sont les chiffres ? »
- (3) De l’acheteur "local" à "l’acheteur régalien"
- (2) Seuils, souveraineté et analyse économique au cœur des échanges
-
(1) Ce qu’il faut retenir des premières auditions


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