La lettre d'achatpublic.info n°569

  • 04/12/2015
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Plus belle la commande publique - saison 2, épisode 13 - Près du kiosque à journaux de Pichade-sur-Mer, on ne parle que de ça, de la « lextape ». Il faut dire que les manchettes, flairant le bon coup, font dans la surenchère, annonçant sur cinq colonnes à la une d'ultimes révélations croustillantes. Même l'Univers, quotidien du soir généralement sérieux et très respecté chez les gens bien pensants, en fait ses choux gras ! Lors d'un séminaire de motivation des acheteurs de Septicémie Septentrionale qui se tenait à Clairesource, Enrico Trétence, à la demande d'un ami d'enfance, aurait approché Dylan Raiferret en lui laissant entendre qu'il était en possession d'un film, dérobé sur son smartphone, où on le voyait en compagnie d'une juriste plantureuse, incapable de répondre à ses avances et surtout à ses questions concernant le cadre réglementaire, notamment les nouveaux délais de remise des candidatures et des offres (lire notre article) et les règles de publicité du projet de décret (lire le commentaire). Naturellement, il pourrait arranger l'affaire et éviter toute fuite. « C'est quand même chaud, cette vidéo. Ta réputation, ta carrière… Faudra être costaud. Si tu veux, tu peux laisser filer. Bon après, je peux te présenter mon ami », aurait insisté le lascar, selon le témoignage recueilli par l'Eclaireur septicémien. « Qu'est ce qu'on voit ? », aurait répondu son collègue, blanc comme un linge. « Toi en gros plan, j'ai reconnu ton tatouage. Tu passes pour un ignare complet, incapable de savoir ce qu'est un MPS, alors que Clotilde Valter, la secrétaire d'Etat, en fait la promo (lire notre invité du jeudi), quels sont les impacts de l'arrivée prochaine des GHT (lire notre article), ou encore que c'est une entreprise adaptée qui redonne vie au vieux matériel informatique de la ville de Paris (lire notre article). « Même à mon pire ennemi, je ne ferai pas ça », a déclaré la victime qui a porté plainte. L'emballement médiatique, un vrai cirque, a même déclenché des réactions politiques. « Un grand acheteur se doit d'être exemplaire, sinon il n'a pas sa place dans l'équipe », a déclaré le président de la région septicémienne.  L'accusé s'est défendu comme il peut. « C'est de l'acharnement, on me traîne dans la boue. Pourquoi je l'aurais fait chanter ? Je n'ai pas besoin d'argent. Je viens de passer au 7ème échelon d'adjoint administratif de 1ère classe. Je pense que c'est un gros malentendu tout ça, au départ je voulais l'aider. C'est quelqu'un de ma direction, c'est un pote».  Bon allez, on arrive au clap de fin de l'enregistrement sur VHS de cet édito aussi délabré que notre société et nos médias. Mais si vous êtes sympa, je peux rembobiner. A la semaine prochaine, peut-être. 
Jean-Marc Binot
(vidéaste amateur)