Edito 594

  • 10/06/2016
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Nous voici de nouveau en direct du vétuste stade Jérôme Grand d’Esnon où l’arbitre donne le coup d’envoi de la 2ème mi-temps du match d’ouverture de l’Euro des acheteurs publics qui oppose, je vous le rappelle,  au premier tour, la sélection tricolore au onze roumain. Malgré ce zéro-zéro insipide, le stade est - étonnamment - toujours comble. Les 250 places des gradins sont parties comme des petits pains et la régie me souffle dans l’oreillette que des billets se sont revendus au marché noir jusqu’à 10 euros sur le site du bon coin. J’aperçois, au milieu du kop, Sylvain Simon, jeune attaché territorial, passionné par les marchés, qui a été recruté par la mairie de Courbevoie il y a six mois à peine (lire notre article). Il se murmure que, refoulé dans la « fan zone » près de la baraque à frites, le préfet, dépité de ne pas avoir trouvé de ticket, est monté au pressing. Il a tenté un tacle Tarn-et-Garonne tardif et calamiteux puisque  l’organisateur, qui avait eu recours à un prestataire spécialisé, a eu le réflexe, sur sa ligne, de publier un avis d’attribution (lire notre invité du jeudi). Les Daces se ruent à l’attaque. Attention à ce déboulé de Stefan Cécéagescu, connu pour sa frappe de mule. Pas de danger, le tir du moldo-valaque passe vingt mètres au-dessus des cages. Son boulet de canon a quand même décroché le panneau publicitaire annonçant le partenariat UGAP-INPI visant à s’assurer du monopole d’une innovation par un candidat, ouverture magnifique en direction d’une procédure négociée (lire notre article). Attendez, je vois que l’on s’agite sur le banc des remplaçants. On demande à Arthur Costes-Quillères de sortir. D’habitude, notre ailier gauche est inamovible, mais aujourd’hui, sans doute paralysé par l’enjeu, il est moins efficace qu’un Garrincha unijambiste. Furieux, l’attaquant menace son coach d’un contentieux. Son geste est explicite et pour le moins grossier. De la tribune de presse, il est difficile de saisir ses paroles mais je crois comprendre qu’il fait référence à une décision du 11 mai dernier au sujet de la question de l’indemnisation du titulaire en cas d’annulation ou de résiliation de son contrat (lire la chronique). Nous voici déjà dans les arrêts de jeu. Alors qu’il allait reprendre de volée un centre au premier poteau, notre numéro 9 est séché comme une offre inacceptable. Penalty ! Hervé Legain, le zizou de la commande publique, s’élance. Il catapulte le cuir au fond des filets et crucifie le portier Petre Boampescu qui paie la facture, sans doute plus rapidement que certaines administrations qui accusent plus de 15 jours de retard  par rapport au délai légal (lire notre article). Les Roumains se précipitent sur l’homme en noir qui siffle la fin de la partie. Mais chacun sait que le caractère définitif du décompte fait obstacle à toute réclamation ultérieure, y compris contentieuse (lire notre article). Bon allez, j’arrête d’être crampon, c’est la fin de cet édito très démarqué, mais léché comme un contrôle orienté. The best aurait dit George. A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot