L’acheteur public et ses cercles d’amis

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« Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encourager la négociation là où il y a le conflit, et donner l'espoir là où règne le désespoir »
Nelson Mandela

Cela va de pair avec la "nouvelle commande publique" (Vous savez... celle, "politisée" au bon sens du terme, qui sert de levier à la mise en place des évolutions sociales, environnementales, voire sociétales) : l’acheteur public ne peut donc plus se maintenir dans la posture de ce juriste arc-bouté, en mode "ceinture ET bretelles" sur le respect des procédures de passation. Et sans se préoccuper, en amont, de la préparation du marché ni, en aval, de son exécution…
Mais  y parviendra-t-il seul ?
 

Des missions à 360°

A ce nouvel acheteur public, on demande de l’innovation et sa participation active à la lutte contre le réchauffement climatique (relire "Challenger les fournisseurs sur leurs émissions de CO2 : le prochain défi de l’acheteur"). Ce, avec des outil qui se font toujours attendre (relire "Mesure carbone des achats publics : un outil néerlandais à la rescousse" et "Définition et analyse du coût du cycle de vie des biens : une plateforme en 2024").

Un acheteur public également toujours en alerte, à charge pour lui d’établir une cartographie des risques (lire "[Tribune] Sébastien Taupiac : « La cartographie des risques est désormais indispensable dans l'achat public »") et bien sûr, suivant les recommandations incessantes des chambres régionales des comptes d’établir des guides internes d’achat public (lire "Guide "commande publique" : un processus achat défini avec précision").
Il doit désormais travailler selon une vision aussi économique, en phase avec la réalité du tissu économique avec lequel il interagit "en partenaire" (relire "« Acheteur » ? Un terme tombé en désuétude !").

Assurément, l’acheteur public nouveau ne saurait accomplir sa mission qu’en s’entourant…
 

A la recherche de conseils et de ressources nouvelles

Au centre, l’acheteur, donc… Un centre qui comprend d’abord le réseau de ses pairs. A vrai dire, ces "réseaux", achatpublic.info les suit au fur et à mesure de leur développement. Ils font aujourd’hui partie du quotidien des acheteurs, indispensables, tant pour les acheteurs qui arrivent sur le marché du travail que pour les professionnels plus expérimentés qui peuvent ainsi transmettre leurs compétences (relire "Réseaux d’acheteurs : formels ou informels ?").
De véritables partages d’expériences innovantes, parfois (relire par exemple "[Interview] « Pourquoi et comment j’ai passé un marché Achat innovant »"). Innover pour l’acheteur, c’est aussi appliquer les nouvelles voies ouvertes par le législateur, comme par exemple de réserver des marchés (ou des lots) à des entreprises implantées en établissement pénitentiaire et qui font à ce titre travailler des personnes détenues (lire "Nouveau marché réservé au milieu pénitentiaire : une opportunité pour les acheteurs ?").
 

Travail en réseaux et guichets

A force de vouloir partager et s’enquérir auprès de ses pairs se tissent des réseaux professionnels. Certains de ces réseaux sont même en réalité de véritables think-tank, permettant de porter la voix des acheteurs publics, auprès de la DAJ comme du Parlement (relire "Les Mousquetaires "commande publique" de France Urbaine"). Au point que les frontières tombent entre les "différents "acheteurs publics, tous confrontés, au-delà des spécificités des segments d’achats, aux mêmes enjeux et difficultés (relire "Une grande confrérie des acheteurs est-elle en train de voir (enfin) le jour ?").

Cette semaine, Guilhem Biancarelli, directeur général adjoint du Réseau des Acheteurs Hospitaliers nous explique que Le Guichet de l'acheteur hospitalier est bien une réponse aux nombreuses sollicitations sur des problématiques d’achat responsable, portant sur des marchés ou sur des secteurs d’activités très précis. « Face à l’adversité, la nouveauté, la complexité parfois… l’avis du collègue compte » (lire [Interview] Guilhem Biancarelli : « Les acheteurs ont besoin d’être mis en relation entre eux, pour échanger, comparer, se rassurer »).

Une solution de centre de ressources et de conseils partagés qui s’institutionnalise, conformément, d’ailleurs, au mantra du PNAD. Ainsi, le Guichet pour les achats hospitaliers prospère en parallèle en parallèle avec le "Guichet vert". Cela va faire deux ans que les Guichets vert officient sur le territoire. La rédaction a souhaité faire un premier bilan de ces services d’aide de l’Etat qui ont pour mission de répondre à des questions dites "de premier niveau" relatives à des problématiques environnementales (lire "Guichet vert : un service en matière de commande publique insuffisamment exploité").
 

Des facilitateurs à la rescousse

Pour fluidifier l’achat socialement responsable, l’acheteur public peut faire appel aux facilitateurs de clauses sociales (relire "[Interview] Lucie Becdelièvre : « Au-delà de l’outillage juridique, les clauses sociales ont une dimension stratégique»"). Leur nombre progresse nous rappelle Lucie Becdelièvre, d’Alliance Villes Emploi, association qui diffuse par ailleurs un guide en partenariat avec achatpublic.com (Recueil des fondamentaux des facilitateurs 2024).

Cette semaine, nous découvrons aussi que si une majorité de villes, de communautés d’agglomérations et de métropoles ont fait appel à des facilitateurs externes pour l’élaboration du volet social de leur SPASER, certaines collectivités persuadées de la pertinence d’accompagner l’acheteur d’un facilitateur, internalisent le concept (lire "À Nice, l’insertion est gérée par des facilitateurs internes").
 

Labels et certification

Dernier rang de soutien de l’acheteur public responsable : le recours aux labels et autres certifications (relire "B.A -BA de l’achat – Les labels"), même si leur emploi n’est pas toujours bien maîtrisé (relire "[Au plus près des TA] Labels et certifications : une qualification pas toujours maîtrisée").

L’agence Hauts-de-France Innovation Développement (HDFID) a lancé un label intitulé "Label Innovation Durable", visant à attester le caractère innovant et durable d'un produit ou d'un service. Avec pour objectif de faciliter le recours à l'innovation par les acheteurs publics (lire "[Interview] Antoine Macret : « L'achat innovant peut contribuer au développement des territoires»").
 

L’IA, une amie ?

Dans cette quête de conseils, de solutions et autres outils, se pose aussi et avec prégnance, la question de l’IAG… "Amie ou ennemie ?". A vrai dire, la question fait toujours plus débat (relire "[BEE 2024] L'IAG : un outil de détection des OAB en marché public ?" - "L’IA dans la commande publique : c’est d’abord une affaire de sécurisation de la donnée" et "Avec l’IAG, une route sécurisée vers un « Méta achat public » ?").


Si l’on devait récapituler la situation de l’acheteur public, en ces temps "compliqués", on pourrait s’inspirer de trois adages (ou consignes) :
  • « Toujours faire face ! » ;
  • « L'union fait la force ! »
  • « Si les outils te manquent… crée-les ! »...